Gestion des biogaz
Qu’est-ce que le biogaz?
Chaque fois qu’on met dans notre bac à déchet des matières organiques (restes de table, résidus de jardin, bois), ces dernières sont apportées et éliminées au site d’enfouissement du Complexe environnemental de la Rouge (CER) située à Rivière-Rouge.
Ces matières sont décomposées par des micro-organismes et amènent la formation de biogaz en absence d’oxygène. Le biogaz est principalement constitué de méthane (CH4) et de dioxyde de carbone (CO2) et pourrait être comparé à du gaz naturel dilué. Ce gaz incolore contient également de nombreux composés en traces dont certains sont odorants. Le principal composé odorant est le sulfure d’hydrogène qui possède une odeur caractéristique d’œufs pourris.
En récupérant les matières organiques (résidus alimentaires et résidus de jardin), on diminue considérablement leur enfouissement et par conséquent les nuisances associées, telles que l’attrait d’oiseaux indésirables ainsi que les odeurs produites par ces matières qui pourrissent. La durée de vie du site d’enfouissement est également prolongée, réduisant considérablement les coûts pour l’aménagement d’un nouveau site.
Compte tenu de la capacité du LET et du taux d’enfouissement annuel de matières résiduelles (moins de 50 000 tonnes métriques), le CER n’est pas tenue en vertu du REIMR d’effectuer une gestion active des biogaz produits. Ceci est également vrai pour le LES (lieu d’enfouissement sanitaire) adjacent, celui-ci ayant été exploité en vertu du Règlement sur les déchets solides (RDS). Ce règlement ne comportait aucune exigence relativement à la gestion et la surveillance des biogaz.
Comme la gestion active des biogaz sur le LET du Complexe environnemental n’est pas requise, le programme de surveillance des biogaz est composé de la vérification de la présence de méthane dans vingt-six puits de surveillance aménagés dans le sol en périphérie du LET ainsi qu’à l’intérieur des dix-huit bâtiments et infrastructures présents sur la propriété.
Captage des biogaz et participation au marché du carbone
Quoique non requis en vertu de la réglementation, un système de gestion active des biogaz a été aménagé de façon volontaire sur l’ancien Lieu d’enfouissement sanitaire (LES) du CER en 2009 et depuis 2014 sur le nouveau Lieu d’enfouissement Technique (LET) où nos déchets sont actuellement enfouis.
Les biogaz captés par les puits verticaux sont acheminés par tuyauteries souterraines vers une torchère qui assure leur destruction. Une fois brûlé, le méthane se transforme en CO2, et est 21 fois moins dommageable que celui laissé à l’air libre. Comme le LET est en exploitation, l’implantation des infrastructures de captage des biogaz est graduelle (4 puits en 2014, 7 en 2017, 10 en 2018 et 5 en 2020). De plus, une torchère à flamme visible a été installée en 2018.
De 2009 à 2023, ces projets ont permis une réduction volontaire des émissions de gaz à effet de serre de 299 965 tonnes CO2e (CO2 équivalent) soit l’équivalent au retrait de la circulation de plus de 9 398 véhicules pour l’année 2023, pour un total de plus de 99 988 véhicules pour la durée du projet.
Les déchets fraîchement enfouis font l’objet d’un recouvrement journalier, ce qui n’empêche pas le biogaz de se faufiler et de s’échapper dans l’atmosphère produisant des odeurs perceptibles selon les conditions météorologiques. C’est pourquoi, dès que c’est possible, le Complexe environnemental s’empresse de recouvrir définitivement avec une membrane permanente des sections du LET, afin que les biogaz soient majoritairement captés et acheminés à la torchère au lieu de se disperser dans l’air ambiant.
Voir le sommaire de WSP sur la gestion des biogaz (juin 2016) Sommaire de WSP
Étude de la dispersion atmosphérique des odeurs
La RIDR a publié un appel d’offres pour la réalisation d’une étude d’impact pour son site d’enfouissement et le futur centre de compostage fermé. Suite au processus d’appel d’offres, la RIDR a mandaté la firme Odotech pour réaliser ces deux études. Ces études permettent d’évaluer les sources d’émission d’odeurs et de prévoir, le cas échéant, des mesures d’atténuation.
Dans un premier temps, Odotech a procédé à une caractérisation des odeurs émises par les différentes sources d’émissions du site. Les résultats de la caractérisation ont servi d’intrants pour l’étude de modélisation du site d’enfouissement. Dans le cas de l’étude de modélisation du futur centre de compostage, ce sont les données de la conception préliminaire couplées à des taux d’émission fixés par le MDDELCC qui servent d’intrants pour la modélisation.
Les concentrations odeurs aux percentiles 99,5 et 98 pour l’ensemble de la période d’étude ont été évaluées. Les résultats ont entre autres été étudiés au niveau des récepteurs discrets tels que définis par le MDDELCC, c’est-à-dire les premiers voisins résidentiels ou lieux publics, aux fins de comparaison avec les objectifs de réduction des nuisances olfactives.
Pour le site dans sa configuration actuelle sans les activités de compostage envisagées, la concentration odeur au percentile 99,5 aux récepteurs discrets varie entre < 1 et 19 u.o./m3. La concentration odeur au percentile 98 maximale aux récepteurs discrets varie entre < 1 et 6 u.o./m3.
Au Québec, il n’y a pas de norme provinciale pour les odeurs. Il existe des objectifs de réduction des nuisances olfactives visant les activités de compostage (MDDEP, 2012) et les activités de biométhanisation (MDDEP, 2011). À titre comparatif, les résultats indiquent que, dans les conditions de modélisation étudiées, les objectifs de réduction des nuisances olfactives du ministère ne sont pas respectés pour le site d’enfouissement dans sa configuration actuelle. En effet, aux récepteurs discrets, les concentrations odeurs maximales calculées aux percentiles 99,5 et 98 dépassent les valeurs limites respectives de 5 et 1 u.o./m3.
La contribution de chacune des sources à l’impact odeur du site a également été évaluée. Il en ressort que la couverture de sable du LET est la source qui contribue le plus à l’impact odeur hors site selon les conditions observées lors des jours des mesures. Ensuite, le bassin d’accumulation contribue également de façon non négligeable aux nuisances olfactives dans le voisinage. Le LES contribue de façon moindre à l’impact odeur du site dans le voisinage selon les conditions au site les jours des mesures. Enfin, le front d’enfouissement de déchets, les piles de compost, les bassins d’aérations 1 à 4, la torchère ainsi que les milieux filtrants ont une contribution plutôt faible à l’impact odeur hors site par rapport aux trois sources précédemment identifiées.
Tableau des sources d’odeurs pour le LET
Pour le site de compostage (phase 1), la concentration odeur au percentile 99,5 n’atteint pas le seuil de perception des odeurs (1 u.o./m3) au niveau des récepteurs discrets. Il en est de même pour la concentration odeur au percentile 98 aux récepteurs discrets. À titre comparatif, les résultats indiquent que, dans les conditions de modélisation étudiées, les objectifs de réduction des nuisances olfactives du ministère sont respectés pour le futur centre de compostage.
Sur la base des résultats de cette étude, Odotech recommande :
- De prioriser la couverture de sable du LET et le bassin d’accumulation dans un plan de gestion des odeurs.
- De prévoir également un suivi régulier des concentrations odeurs aux sources afin d’évaluer la variabilité des émissions de chacune d’entre elles.
- En cas de plaintes pour nuisances olfactives, de colliger l’ensemble des informations pertinentes dans un registre dédié à cet effet, de déterminer les opérations en cours au moment de la plainte et de vérifier sur place la nuisance.
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Résumé de l’étude de dispersion des odeurs pour le site actuel et le site de compostage (phase 1)